LES GRANDS PRINCIPES
• Une
cognition, qu'est-ce que c'est ?
Le mot "Cognition" vient du latin "Cognito" signifiant :
une pensée.
Le terme "Cognition" comprend l'ensemble des connaissances, des
croyances et des représentations mentales d'une personne ; Dans un sens plus
large, cela inclut également les mécanismes par lesquels cette personne
acquiert de l'information (démarches d'apprentissage), la traite, la conserve
et l'exploite.
Les cognitions sont liées à la perception, à l'éducation, à l'apprentissage, à
la mémoire, à l'intelligence, à la fonction symbolique et au langage.
Plus simplement, on pourra
retenir que nos "cognitions" sont nos croyances et nos pensées.
• Nos
émotions sont le fruit de nos pensées.
C'est là le principe premier de la thérapie cognitive : ce n'est pas le
monde extérieur qui est la cause de nos émotions et de notre humeur, mais
seulement la représentation que l'on en a et les pensées qui nous traversent
l'esprit.
Schéma d'après David Burns.
Si la dépression était la
conséquence de conditions de vie difficiles, on devrait en théorie observer des
vagues de cas de dépression en période de guerre, ou dans des pays touchés par
la malnutrition. Or on constate plutôt le contraire (on se suicide moins en
temps de guerre qu'en temps de paix, moins en Afrique qu'en Europe). En fait,
il apparaît qu'une grande proportion des personnes souffrant de dépression ont
une vie que d'autres pourraient considérer comme a priori satisfaisante, voire
enviable : situation financière normale, famille aimante, pas de traumatisme
particulier, pas de maladie organique, pas de pression ni de danger marquant.
En fait, la dépression n'est pas causée par l'environnement du sujet, mais
par les pensées et les schémas mentaux qu'il emploie pour l'interpréter.
C'est donc en apprenant à travailler sur ses cognitions qu'une personne pourra
sortir de sa dépression. C'est précisément là le but d'une thérapie cognitive.
• Les
distorsions cognitives.
Les cognitions étant par
nature plus ou moins subjectives, elles peuvent conduire le sujet à une vision
approximative, déformée, voire totalement inexacte du monde.
Chez le sujet dépressif,
les distorsions cognitives, c'est à dire des interprétations et des
représentations biaisées du monde privilégiant systématiquement une vision
négative et pessimiste des choses, sont responsables de son incapacité à
évaluer la réalité de manière positive ou neutre. Le patient ne semble plus
capable d'objectivité.
Ces distorsions peuvent concerner des domaines plus ou moins importants de la
vie d'une personne.
Aaron Beck a défini la dépression comme étant le résultat de
distorsions dans trois domaines majeurs :
1.
Cognitions
sur soi.
2.
Cognitions
sur l'environnement (le
monde et les autres).
3.
Cognitions
sur l'avenir.
Ces 3 grands types de
distorsions constituent ce que l'on appelle la triade de Beck. On peut
les retrouver à des degrés divers chez tous les patients déprimés.
Exemples de distorsions cognitives chez un patient dépressif : Cognition sur soi : "Je ne vaux rien", "Je ne suis pas à la hauteur".
Cognitions sur l'environnement : "Ce monde
est pourri", "Les gens sont
égoïstes".
Cognitions sur l'avenir : "Rien ne
s'améliorera jamais", "C'est
sans espoir".
Chez une personne
dépressive, ces expressions ne sont pas de simples paroles en l'air destinées à
attirer l'attention. Elle correspondent à la véritable représentation mentale
qu'elle se fait du monde et d'elle-même.
L
e rôle du thérapeute est de faire prendre conscience
au patient de ces distorsions cognitives, et de l'amener à une représentation
plus "normale" et plus rationnelle des choses. Pour cela, il va, dans
un premier temps, devoir apprendre au patient à devenir métacognitif,
c'est-à-dire l'amener à réfléchir à la manière dont il pense. (cette capacité à
réfléchir à la manière dont on pense apparaît habituellement chez l'enfant vers
l'age de 6 ans. Elle tend à disparaître chez les personnes souffrant de
dépression).