samedi 20 février 2016

Des intelligences multiples

Publié par Dav

Les surdoués sont-ils vraiment ceux qui réussissent brillamment les tests de QI ? De plus en plus de spécialistes soulignent d’autres aspects de l’intelligence et des potentiels humains. Comme l’intelligence émotionnelle et perceptive.
 
Christel Petitcollin, formatrice en communication et en développement personnel. « Officiellement, les surdoués représentent 2% de la population alors qu’en réalité, ils seraient 15 à 30% car ces tests n’évaluent que la partie émergée de l’iceberg. » Selon Maria Pereira-Fradin, «  Certaines caractéristiques non intellectuelles sont très importantes dans le phénomène : des traits de personnalité, la motivation et la créativité, que l’on peut évaluer. Le QI est une mesure d’intelligence globale intimement liée aux aptitudes demandées à l’école. Or, le haut potentiel ne se résume pas à cela. »
ADVERTISEMENT

Des intelligences multiples


En effet, des recherches scientifiques récentes aux États-Unis ont démontré que l’intelligence n’était pas unitaire mais plurielle. Pour le chercheur américain Howard Gardner, professeur à l’université de Harvard, il existe huit types d'intelligence : spatiale, verbale, kinesthésique, logico-mathématique, inter-personnelle, intra-personnelle, musicale et écologique. 
Très influent dans la recherche sur les enfants surdoués, le psychologue américain Robert Sternberg considère, quant à lui, que l’intelligence comporte trois volets principaux : 
  • l’intelligence analytique - logico/mathématique, verbale, académique -,
  • l’intelligence pratique
  • l’intelligence créative.
 
Le haut potentiel peut se manifester dans n’importe lequel de ces domaines. Et la créativité ressort comme un des axes de recherche les plus prometteurs.
Pour l’américain Daniel Goleman, psychologue de formation, ex-enseignant à Harvard, aujourd’hui président de la société Emotional Intelligence Services, la notion habituelle d’intelligence néglige un aspect essentiel du comportement humain : nos émotions.

L’importance de l’intelligence émotionnelle


Puisant dans les découvertes récentes de la biologie et de la psychologie, il a analysé les raisons pour lesquelles un QI élevé peut être un handicap et la maîtrise des émotions un atout. Self-contrôle, persévérance, motivation, respect d’autrui, aisance sociale sont quelques-unes des compétences qui définissent cette intelligence « autre » : l’intelligence émotionnelle. « Lorsque les sociobiologistes cherchent à expliquer pourquoi l’évolution a conféré aux émotions un rôle de premier plan dans la psyché, ils soulignent la prééminence du cœur sur le mental, explique Daniel Goleman. Nos émotions nous aident en effet à affronter des situations et des tâches trop importantes pour être confiées au seul intellect : le danger, les pertes douloureuses, la persévérance en dépit des déconvenues, la fondation d’un couple, la création d’une famille. Chaque émotion nous prépare à agir d’une certaine manière ; chacune nous indique une voie qui, dans le passé, a permis de relever les défis de l’existence. Les mêmes situations se sont inlassablement répétées au cours de l’évolution, et le fait que notre répertoire d’émotions soit inscrit dans notre cœur sous forme de tendances innées et automatiques atteste de sa valeur de survie. Toute conception de la nature humaine qui ignorerait le pouvoir des émotions manquerait singulièrement de perspicacité. L’expression Homo sapiens, l’homme pensant, est particulièrement malheureuse si l’on considère le rôle majeur que, selon les scientifiques, les émotions jouent dans notre vie. Comme nous le savons tous d’expérience, en matière de décision et d’action, l’intuition compte autant, sinon plus, que la pensée. Nous exagérons la valeur et l’importance de la raison pure, que mesure le QI, dans la vie humaine. Notre intelligence est pourtant inutile quand nous sommes sous l’emprise de nos émotions. »
Contrairement au QI, il n’existe pas de test simple permettant de mesurer l’intelligence émotionnelle. Bien que toutes ses composantes fassent l’objet de recherches importantes, certaines d’entre elles sont plus faciles à tester. L’empathie, par exemple, peut l’être en demandant au sujet d’interpréter les sentiments d’une personne à partir de l’expression de son visage.
A la différence du QI, l’intelligence émotionnelle n’est pas figée. Au contraire, chacun a la possibilité de l’améliorer, pour peu qu’il apprenne à reconnaître et à utiliser l’ensemble de ses émotions. « L’injonction de Socrate – "Connais-toi toi même" - renvoie à cette clé de voûte de l’intelligence émotionnelle, poursuit Goleman. Il faut être conscient de ses propres sentiments au fur et à mesure de leur apparition. Être dans la conscience de soi, cette attention permanente à son état intérieur. » Outre-Atlantique, quelques établissements scolaires ont déjà intégré des cours d’éducation émotionnelle aux disciplines déjà enseignées. Un programme qui offre un ensemble d’outils permettant de développer l’empathie, l’affection, la tolérance, la capacité de se mettre à la place des autres et une meilleure maîtrise des émotions.

L’intelligence perceptive


Les « surdoués » émotionnels développent souvent une autre forme d’intelligence, pourtant moins connue : l’intelligence perceptive. De nombreuses personnes, sans oser l’avouer, ont développé d’incroyables capacités perceptives : intuition mais aussi hyperesthésie – terme scientifique pour désigner le fait d’avoir les cinq sens dotés d’une acuité exceptionnelle - précognition, extralucidité, clairvoyance... « Plus vous êtes empathique, plus vous allez avoir la capacité de lire le langage non verbal et de capter des informations, assure Christel Petitcollin. De comprendre les autres au point de pressentir leur personnalité, leurs attentes et leurs pensées. Les personnes que j’ai pu identifier comme surefficients, vivent aussi, bien souvent, des expériences inexpliquées : de la télépathie aux rêves prémonitoires en passant par des états extatiques de paix et d’amour pur, de sensation de communion avec la nature, et parfois plus : comme la capacité à percevoir les auras, à ressentir des entités et autres présences occultes, à se souvenir de vies antérieures, à se connecter à d’autres dimensions... » Si ces capacités perceptives ne sont pas encore reconnues par la majorité de la communauté scientifique, certaines recherches tendent à démontrer leur existence et à changer notre regard sur l’être humain qui ne doit plus être simplement vu comme un cerveau sur pattes. Des recherches en neurosciences au Canada auxquelles collabore Corine Sombrun, écrivaine, compositrice, conférencière et exploratrice de la transe chamanique, vont dans ce sens. « Des électroencéphalogrammes de mon cerveau ont été faits en état de conscience ordinaire puis en état modifié de conscience. Les résultats ont prouvé que la transe n’était pas juste une théâtralisation mais modifiait de manière spectaculaire le fonctionnement des circuits cérébraux, et activait des zones dites "perceptives" (limbiques). Ce qui expliquerait pourquoi cet état me permet d’accéder à d’autres informations et, en quelque sorte, à une perception augmentée de la réalité. La grande aventure du XXIème siècle ne passera pas seulement par l’évolution des technologies mais aussi par la possibilité d’apprendre à découvrir l’incroyable outil que sont nos capacités perceptives. Comme le dirait Antonin Artaud nous avons tous besoin d’atteindre « un peu de cette réalité qui nous manque », de réconcilier les différents aspects de notre intelligence pour devenir cet humain qui, je l’espère, sera bientôt aussi fier d’être un "perceptuel" qu’un intellectuel. »
Commencer a penser à soi même c'est déjà faire partie de la solution.

« Enfant surdoué, adulte créateur ?» de Pélagie Papoutsaki





Résumé:
Le titre de ce livre est trompeur. Par créatif et créateur, il ne faut pas entendre le talent artistique ou le talent d’un autre domaine « non intellectuel ». Bien que le même processus créatif soit à l’origine du surdon et du talent et qu’il n’y ait pas de raison de différencier les « surdoués intelligents » des « surdoués talentueux », le talent est considéré, par l’auteure, comme une transformation du surdon. Il faut entendre par créatif, une pensée créatrice.
Depuis le début du 19e siècle et les débuts de la psychologie, on s’intéresse à la condition particulière du surdoué. Mais l’éducation des surdoués préoccupe grandement les spécialistes qui constatent, avec effarement, que les différentes structures et programmes actuels (accélérés, d’enrichissement) mis en place ne parviennent pas à enrayer certains paradoxes. En effet, comment expliquer la sous performance scolaire malgré de grandes compétences intellectuelles, ou la performance scolaire et de grandes compétences intellectuelles mais qui ne conduisent pas à une production exceptionnelle ? Selon l’auteure, ce qui préside ces deux paradoxes sont les stratégies d’apprentissage divergentes des surdoués dans le premier cas et dans le deuxième, la performance cache un conformisme bloquant le processus créatif et par conséquent la production d’idées nouvelles.
La première grande raison, de l’échec des pédagogies, est que les deux premières périodes de l’histoire de la recherche sur les surdoués étaient centrées sur la génétique, le déterminisme et le cognitivisme qui liaient intelligence et réussite.
Mais même si la troisième période (Des années 80 à aujourd’hui) se détache progressivement de cette vision et a mis timidement l’accent sur des facteurs non cognitifs comme le psychologique et le social, les chercheurs peinent toujours, non seulement, à définir la douance mais également à proposer des modèles psychologiques et des solutions pédagogiques.
La deuxième grande raison est la non prise en compte des stratégies d’apprentissage des surdoués très éloignés des modèles standards de l’éducation y compris de ceux qui leur sont spécialement proposés.
Aussi pour parvenir à développer une éducation adaptée aux surdoués ainsi qu’une éventuelle aide psychologique, dans l’espoir qu’ils se réalisent pleinement à l’âge adulte, l’auteure décrit minutieusement le processus créatif des enfants surdoués qui serait l’enfance du processus créatif chez l’adulte créateur.
Elle développe point par point la nécessité d’un certain nombre de facteurs permettant l’expression du processus créatif dont l’autonomie , le sentiment d’appartenance et de reconnaissance de sa singularité, (donc de semblable et de différent), le rôle favorable de la famille (implication des parents), bref d’un équilibre dans le développement bio psychosocial de l’enfant.

Le processus créatif est triphasé (préparation- incubation et illumination) et ne peut s’inscrire que dans le temps.
  • Par exemple, sur une très longue période, l’enfant va s’intéresser à des sujets qui n’ont à priori pas de lien entre eux comme les dinosaures et les volcans (phase de préparation où il va accumuler des connaissances)
  • Puis il délaissera ceux-ci au profit d’autres sujets (phase d’incubation, en fait l’enfant n’y a pas renoncé définitivement, il les a juste rangés dans un coin de sa tête)
  • Par la suite, il fera un lien avec ses sujets de prédilection d’antan : le rapport entre la mort des dinosaures et l’activité volcanique de l’époque (phase d’illumination).
Dans tout ce processus, l’enfant ne se sert pas uniquement de son intellect, il utilise également l’expérience sensorielle, l’affectivité et la sensibilité esthétique et les expériences antérieures par rétroaction.
Il sera donc possible pour lui de continuer ce processus créatif à l’âge adulte et de créer une pensée nouvelle dans son ou ses domaines de prédilection s’il a pu bénéficier du cadre adéquat susmentionné.
En clair, toutes les pédagogies à l’heure actuelle vont à l’encontre de la pensée du surdoué et de son mode de fonctionnement qui ne peut s’épanouir et produire que s’il peut laisser libre court à son processus créatif

jeudi 11 février 2016

Pourquoi consulter un psy ?


Après des événements douloureux, lorsque l’on rencontre des difficultés personnelles, faire la démarche d’aller voir un psy est déjà une étape difficile à franchir. Alors à l’heure du premier rendez-vous, l’appréhension monte. Comment bien aborder un premier entretien avec le thérapeute ? Comment se déroule une séance ? Quelques clés pour commencer une consultation psy le plus sereinement possible.
Si l’on manque de confiance, que l’on se sent déprimée ou que l’on est tracassée par de petits ennuis, le quotidien devient de plus en plus difficile à gérer. Il est important de se décider à consulter pour savoir où l’on en est et commencer à aller mieux.

Quel psy pour moi ?

Il est primordial de bien choisir son psy. Le thérapeute peut nous être recommandé par un médecin, par le bouche à oreille, la famille, des amis… Attention, il n’est pas conseillé de prendre le même professionnel qu’une personne qui nous est proche, on risquerait de se brider.
– Le psychologue est titulaire d’un Bac+5 en psychologie. Il n’est pas médecin.  Il s’intéresse aux comportements humains.-

Le premier entretien avec le psy

Avant l’entretien
Une petite préparation psychologique et mentale s’impose pour pouvoir établir un climat de dialogue ouvert et sincère. Au départ, la communication est difficile car la méfiance est souvent de mise, et les questions personnelles et intimes sont parfois douloureuses à aborder. Il faut en être conscient et essayer de se lancer, n’oublions pas que les psys sont tenus au secret médical.
En général, lors du premier rendez-vous, le patient explique les raisons de sa présence, ses motivations et le thérapeute va s’intéresser à sa personnalité et à l’environnement dans lequel il évolue. L’entretien prend en compte le passé et plus particulièrement l’enfance. L’échange verbal est plus ou moins développé selon le psy. A la fin de la séance s’ensuit une réflexion sur ce qui a été dit.
Contrairement aux idées reçues, psychologues, psychiatres et psychothérapeutes sont plutôt enclins au dialogue et proposent dans certains cas précis des tests : d’orientation, de réactions (pour les thérapies comportementales et cognitives)… Les psychanalystes, quant à eux, laissent libre cours à vos pensées et n’interviennent quasiment pas au cours de la séance pour le bon déroulement de l’analyse.
Consulter un psy est un véritable investissement personnel qui demande une grande implication au patient. Aussi, le lien établi entre le patient et le thérapeute doit être basé sur une relation de confiance et de coopération, sans quoi aucun progrès ne pourra être effectué.
Pendant la séance n’hésitez pas à poser des questions sur le « fonctionnement » de la thérapie, sa durée, les rendez-vous, ce qu’elle suppose, les tarifs… pour éviter tout malentendu.
La fréquence des entretiens varie 1 par semaine ou 15 jours quelques mois , et la durée entre 45 minutes et 1h. Toutes ces modalités seront spécifiées par le psy lors du premier entretien.

Et après ?

Le travail réalisé se poursuit chez soi, via des mises en situation ou des défis parfois demandés par le psy. S’impliquer dans un processus de changement demande des efforts personnels et du courage.  C’est un travail de longue haleine qui demande de la persévérance, mais qui peut se révéler très libérateur.
Après les premières séances, il n’est pas inutile de se poser des questions sur l’entretien, le contact que l’on a avec le psy, si l’on se sent bien… Car la bonne qualité de la relation avec le thérapeute est une condition sine qua non pour le bon déroulement de la thérapie. Si vous n’êtes pas à l’aise, parlez-en à votre psy, et si besoin tournez-vous vers un autre professionnel.

ESTIME DE SOI


L’hiver et son manque de lumière nous donne grise mine ? C’est le moment d’ouvrir et de faire rayonner notre boite à soleil intérieure !

 


Comme un coffre à trésor, nous pouvons cultiver en chacun de nous un endroit intérieur où nous conservons et collectionnons attentivement tous les moments de bonheur, de sourires, de rires et les instants de plaisir que nous rencontrons dans nos vies. Ainsi, face à des temps plus maussades, nous pouvons aller les retrouver pour nous ressourcer !
Facile à dire, pas si simple à faire… pourquoi ?
Parce qu’il faut encore pouvoir les capter ces instants ! Les voir, les reconnaître, les identifier pour ensuite les enregistrer. Et nous ne sommes pas tous égaux dans notre capacité à voir le bonheur et le positif autour de nous. Cela va dépendre de notre humeur, elle-même étroitement déterminée par notre confiance en Soi ! Voilà peut-être la clé de notre boîte à soleil… l’estime de Soi ! Il ne s’agit pas de se sentir le plus fort, le plus beau ou le plus intelligent, non sûrement pas. Mais se percevoir comme digne d’amour et de bonheur, s’aimer suffisamment pour s’autoriser à être précieux et unique, voilà certainement la clé qui change notre regard et nous guide vers nos trésors intérieurs.
L’estime de Soi, une quête de tous les jours que l’on débute dès le plus jeune âge et qui constitue sans doute un des éléments psychologiques les plus fondamentaux pour la santé mentale. Accompagner et apprendre à l’enfant à la faire grandir, c’est lui assurer des bases solides pour son épanouissement. Alors l’estime de Soi, parlons-en, reparlons-en et n’arrêtons jamais de la cultiver par tous les moyens !
cf cogitoz (février 2016)

mardi 9 février 2016

PHOBIE

Les phobies, des peurs excessives et irrationnelles vis-à-vis d’un objet, d’une situation, d’un animal, font partie des troubles anxieux les plus fréquents.
Quels sont les traitements en cas de phobies ?
Comment traite-t-on aujourd’hui les phobies ?

Phobie : des problèmes psychologiques très fréquents

Les phobies constituent des problèmes psychologiques très fréquents.
Il faut dire que l’origine des phobies est extrêmement variée : peur du noir, de rougir, des araignées, de la foule, du dentiste, de parler en public…
Les femmes sont deux fois plus concernées par les phobies que les hommes, excepté concernant la phobie sociale, désignant la forte anxiété générée par la nécessité de prendre la parole en public, de faire des rencontres, etc.

Vous souffrez d’une phobie : essayez d’abord la relaxation

La relaxation, la respiration profonde, le yoga, etc., sont des techniques qui permettent de diminuer l’anxiété et de prévenir l’apparition des symptômes d’une phobie : crise de panique, angoisse, transpiration, accélération cardiaque, difficultés à respirer…
Lorsque cela ne suffit pas, et que la phobie devient handicapante dans la vie quotidienne, un traitement s’impose.

Le traitement de référence des phobies : les thérapies cognitives et comportementales


Les thérapies cognitives et comportementales visent à reproduire dans un environnement sécurisant ou en imagination, la situation qui déclenche une phobie.
On apprend ainsi à mieux contrôler sa peur et à mettre en place une réaction adaptée. Il s’agit d’une sorte de désensibilisation vis-à-vis de l’objet de la phobie. Les thérapies cognitives et comportementales modifient ainsi les schémas de pensées et les réactions émotionnelles.
Article publié par Isabelle Eustache le 13/04/2012

dimanche 7 février 2016

Le syndrome de dyssynchronie

Il n’y a pas deux enfants intellectuellement précoces identiques. Cependant, les conséquences engendrées par cette spécificité sont bien souvent les mêmes. Elle se retrouvent, à différents niveaux, chez de très nombreux enfants. Elles résultent presque toutes d’un développement hétérogène des aspects affectif, psychomoteur et intellectuel de la personnalité de l’enfant. Jean-Charles Terrassier, spécialiste reconnu des enfants précoces, parle de dyssynchronie, ou plutôt de dyssynchronies au pluriel. Cet article emprunte beaucoup à ses travaux, qui font autorité dans le domaine. On distingue dyssynchronie interne et dyssynchronie sociale.
La dyssynchronie interne se manifeste au niveau affectif et psychomoteur. Elle peut être dans une certaine mesure exprimée lors de la passation d’un test de QI.
L’anxiété est un trait de caractère assez fréquemment répandu chez les enfants précoces. Leur maturité affective n’est pas toujours en adéquation avec le niveau des connaissances accumulées. Cela engendre chez l’enfant une relative impossibilité de traiter avec efficacité un trop grand nombre d’informations contradictoires. Il aura donc tendance à rationnaliser ou à ne pas supporter l’échec. Il est indispensable de laisser à cet enfant des moments de doute et de le placer face à des difficultés qui l’aideront à ne pas s’ennuyer.
Le problème le plus souvent posé aux parents d’enfants précoces, réside dans le décalage important généralement constaté entre capacités intellectuelles et motricité. L’obligation scolaire et l’organisation du système est bien sûr la raison principale de l’importance accordée à cette facette de la dyssynchronie. Il est bien évident qu’il est difficile pour un enfant en avance de plusieurs années intellectuellement d’obtenir la même performance dans des domaines plus « physiques », tels que les activités sportives ou graphiques. Bien souvent on constate même un certain retard sur des enfants du même âge. Cela handicape parfois l’enfant qui devrait bénéficier d’une accélération de son cursus et qui se la voit refuser pour cette raison. Il est extrêmement important de tenir compte dès le plus jeune âge de ce problème et de rechercher les solutions qui permettront de le dépasser.
Le résultat d’un test de QI peut donner des indications précieuses sur le niveau de dyssynchronie atteint par un enfant précoce. Dans le cadre des tests du type « Wechsler », une étude attentive des résultats obtenus subtest par subtest permet d’analyser les capacités de l’enfant dans les sphères « verbale » et « performance ». Il est généralement considéré qu’un écart supérieur à 15 points (soit un écart-type) au détriment du QI de performance aura un impact important sur l’équilibre entre motricité et développement intellectuel.
La dyssynchronie sociale est présentée par Jean-Charles Terrassier comme apparaissant entre l’enfant et son entourage, que ce soit le système scolaire, ou les autres enfants.
L’école, ou plutôt le système éducatif, n’est pas adaptée aujourd’hui à l’accueil des enfants précoces, même si de récents développements nous laissent espérer une amélioration prochaine. La progression scolaire, telle qu’elle est conçue ne laisse que peu de place à l’épanouissement des EIP. Elle a été imaginée à l’origine pour des enfants « standards », « normalisés » qui sont bien éloignés du profil classique de l’enfant intellectuellement précoce. Il est quasiment aussi délicat pour un tel enfant de s’épanouir dans une classe d’enfants « normaux » que pour un enfant « normal » dans une classe de déficients mentaux. Or, si la prise en compte des difficultés se fait à peu près bien pour les enfants qui ne suivent pas, il n’en va pas toujours de même pour ceux qui auraient besoin d’aller plus vite. Si les premières années de scolarité peuvent s’accomoder sans trop de dommages d’une telle réalité, le principal problème découlant de cet état de fait se manifestera plus tard, souvent au collège, voire au lycée. L’enfant, qui n’aura pas été habitué à travailler pour réussir, faute de challenge intéressant va éprouver beaucoup de difficultés à troquer un apprentissage intuitif contre des méthodes de travail rigoureuses. Souvent l’échec scolaire survient à ce moment là.
Face à ses camarades également, l’enfant précoce subira un décalage. Pas assez « physique » pour jouer avec les plus grands (parfois même les enfants de son âge lorsque le retard psychomoteur existe), trop en avance intellectuellement pour discuter avec les « petits », il va souvent avoir des difficultés à intégrer un groupe de copains. Cela est bien entendu amplifié à l’école et dans les activités péri-scolaires, puisque bien souvent le découpage des groupes se fait uniquement en fonction de critères d’âge. Le meilleur camarade pour un enfant précoce est certainement un autre enfant précoce. Des activités et loisirs spécifiques existent pour les EIP, mais sont encore trop rares. Il y a aussi la possibilité d’inscrire son enfant à des loisirs qui intéressent généralement les jeunes précoces, tels que les échecs, les jeux de rôle ou les activités du type micro-fusées.
La dyssynchronie n’est pas une maladie. C’est l’une des conséquences principales de la précocité intellectuelle et l’on voit que beaucoup de choses découlent d’elle. Il est indispensable de prendre rapidement les mesures qui permettent d’en atténuer les effets. Une détection précoce est sans conteste un facteur permettant de faciliter la mise en oeuvre de solutions adaptées. Il va falloir jouer sur l’environnement de l’enfant, si l’on ne veut pas qu’il soit, au prix de lourds sacrifices, obligé de s’adapter. Sans cela, les conséquences pourront se faire sentir de longues années, notamment au niveau social. Tout le travail des adultes va être de proposer à l’enfant un environnement qui réponde le mieux possible aux besoins particuliers qu’il manifeste.
http://www.enfantsprecoces.info