samedi 20 février 2016

« Enfant surdoué, adulte créateur ?» de Pélagie Papoutsaki





Résumé:
Le titre de ce livre est trompeur. Par créatif et créateur, il ne faut pas entendre le talent artistique ou le talent d’un autre domaine « non intellectuel ». Bien que le même processus créatif soit à l’origine du surdon et du talent et qu’il n’y ait pas de raison de différencier les « surdoués intelligents » des « surdoués talentueux », le talent est considéré, par l’auteure, comme une transformation du surdon. Il faut entendre par créatif, une pensée créatrice.
Depuis le début du 19e siècle et les débuts de la psychologie, on s’intéresse à la condition particulière du surdoué. Mais l’éducation des surdoués préoccupe grandement les spécialistes qui constatent, avec effarement, que les différentes structures et programmes actuels (accélérés, d’enrichissement) mis en place ne parviennent pas à enrayer certains paradoxes. En effet, comment expliquer la sous performance scolaire malgré de grandes compétences intellectuelles, ou la performance scolaire et de grandes compétences intellectuelles mais qui ne conduisent pas à une production exceptionnelle ? Selon l’auteure, ce qui préside ces deux paradoxes sont les stratégies d’apprentissage divergentes des surdoués dans le premier cas et dans le deuxième, la performance cache un conformisme bloquant le processus créatif et par conséquent la production d’idées nouvelles.
La première grande raison, de l’échec des pédagogies, est que les deux premières périodes de l’histoire de la recherche sur les surdoués étaient centrées sur la génétique, le déterminisme et le cognitivisme qui liaient intelligence et réussite.
Mais même si la troisième période (Des années 80 à aujourd’hui) se détache progressivement de cette vision et a mis timidement l’accent sur des facteurs non cognitifs comme le psychologique et le social, les chercheurs peinent toujours, non seulement, à définir la douance mais également à proposer des modèles psychologiques et des solutions pédagogiques.
La deuxième grande raison est la non prise en compte des stratégies d’apprentissage des surdoués très éloignés des modèles standards de l’éducation y compris de ceux qui leur sont spécialement proposés.
Aussi pour parvenir à développer une éducation adaptée aux surdoués ainsi qu’une éventuelle aide psychologique, dans l’espoir qu’ils se réalisent pleinement à l’âge adulte, l’auteure décrit minutieusement le processus créatif des enfants surdoués qui serait l’enfance du processus créatif chez l’adulte créateur.
Elle développe point par point la nécessité d’un certain nombre de facteurs permettant l’expression du processus créatif dont l’autonomie , le sentiment d’appartenance et de reconnaissance de sa singularité, (donc de semblable et de différent), le rôle favorable de la famille (implication des parents), bref d’un équilibre dans le développement bio psychosocial de l’enfant.

Le processus créatif est triphasé (préparation- incubation et illumination) et ne peut s’inscrire que dans le temps.
  • Par exemple, sur une très longue période, l’enfant va s’intéresser à des sujets qui n’ont à priori pas de lien entre eux comme les dinosaures et les volcans (phase de préparation où il va accumuler des connaissances)
  • Puis il délaissera ceux-ci au profit d’autres sujets (phase d’incubation, en fait l’enfant n’y a pas renoncé définitivement, il les a juste rangés dans un coin de sa tête)
  • Par la suite, il fera un lien avec ses sujets de prédilection d’antan : le rapport entre la mort des dinosaures et l’activité volcanique de l’époque (phase d’illumination).
Dans tout ce processus, l’enfant ne se sert pas uniquement de son intellect, il utilise également l’expérience sensorielle, l’affectivité et la sensibilité esthétique et les expériences antérieures par rétroaction.
Il sera donc possible pour lui de continuer ce processus créatif à l’âge adulte et de créer une pensée nouvelle dans son ou ses domaines de prédilection s’il a pu bénéficier du cadre adéquat susmentionné.
En clair, toutes les pédagogies à l’heure actuelle vont à l’encontre de la pensée du surdoué et de son mode de fonctionnement qui ne peut s’épanouir et produire que s’il peut laisser libre court à son processus créatif