jeudi 29 septembre 2016

Déprime : pourquoi avons-nous le blues en hiver ?

A défaut de voir tout en noir, vous voyez tout en gris-morose comme le ciel hivernal ? Cette dépression saisonnière est directement associée au manque de lumière. Mais nous pouvons réagir et chasser ces idées noires.
« Spleen quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle …. » disait Baudelaire. Mais la déprime n’est pas l’apanage des poètes, nous sommes aussi nombreuses à subir ces coups de blues qui nous minent, surtout pendant les journées courtes et sombres de l’hiver. Un psychologue britannique a d’ailleurs établi que la journée la plus déprimante de l’année serait… le troisième lundi de janvier !
Selon le Dr François Duforez, praticien attaché APHP, fondateur du European Sleep Center à Paris, « environ 3 % des gens souffrent de dépression ; 6 % de dépression saisonnière et 15 % ressentent un désordre, un inconfort, une gêne dans leur vie quotidienne : ils ne se sentent pas bien ». Les fêtes de fin d’années sont passées, on hiberne toujours au chaud en mode marmotte ? Ce n’est pas forcément une mauvaise chose et il peut être doux d’apprendre à vivre au rythme des saisons.
« L’hiver est une période de repli sur soi, on se désengage des choses, on est dans une phase cocooning, il est important d’en profiter pour se reconnecter à soi, à son corps et à son bien-être », conseille la coach Sophie Machot (auteur du livre « Cultivez votre bonheur », aux éditions Eyrolles et du blog concentredebonheur.unblog.fr), qui raconte qu’une infirmière australienne avait noté dans sa carrière les regrets exprimés par les personnes en fin de vie et l’un de ceux qui l’avait le plus frappée était celui-ci : « Je regrette de ne pas m’être autorisé à être plus heureux ».

Certains sont plus exposés que d’autres

« Les personnes les plus touchées par la déprime sont des personnes à forte réactivité émotionnelle », explique le Dr David Gourion, médecin psychiatre. Emotives, elles sont très sensibles aux émotions négatives comme la tristesse. Or, quand on est très émotif et qu’on est soumis à un événement stressant, même minime, on a plus de risque de développer une réaction anxieuse.
Mais il existe des facteurs protecteurs qui préservent de la déprime : ce n’est pas la même chose si on est seul ou en couple uni ; si on a une famille aimante ou toxique. L’environnement professionnel joue également. Ces facteurs de protection sont puissants et ils peuvent être suffisants pour nous protéger de ces coups de déprime, mais si on cumule un tempérament hypersensible, des antécédents familiaux de dépression et un environnement affectif peu agréable, alors l’événement stressant risque d’être plus difficile à gérer.
Notre environnement compte beaucoup
On peut comparer notre cerveau à une voiture, dont la dopamine serait le moteur, c’est-à-dire l’énergie, le plaisir ; la noradrénaline serait le volant qui nous donnerait la direction à suivre et la sérotonine, l’alarme de la voiture qui nous préviendrait du danger. Notre environnement joue un rôle majeur sur le bon fonctionnement de ces neurotransmetteurs. Stressant, il va freiner la sérotonine : on aura alors tendance à l’hypersensibilité. Si la dopamine est freinée, c’est la panne de moteur. Cela intervient surtout dans le cadre d’un environnement peu gratifiant, propice à la frustration où on a la sensation d’agir par devoir. Un manque de noradrénaline intervient surtout dans un environnement complexe, avec beaucoup d’informations à gérer. D’où la nécessité de s’occuper de soi avec bienveillance, de bien s’entourer. Même quand il ne s’agit que de coup de blues hivernal.
Quand consulter ? Un coup de blues qui dure peut parfois masquer un problème plus sérieux. Peu importe le traitement choisi, si les symptômes persistent ou s’aggravent après une semaine ou deux, mieux vaut consulter son médecin généraliste.
cf : article

vendredi 23 septembre 2016

besoin d' estime sociale

Sommes-nous d’éternels enfants en quête de compliments? Non. La reconnaissance professionnelle nous offre une appartenance à un groupe, nous permet de valoriser notre singularité, et nous aide à donner corps et sens à des activités de plus en plus dématérialisées.
En fait, tu n’as aucune compétence. Tu as juste de la chance. » Marc, 32 ans, commercial dans une grande banque européenne, a d’abord cru qu’il avait mal entendu. Comment son « N+1 » aurait-il pu dire ça en entretien annuel d’évaluation alors qu’il avait « explosé » ses objectifs ? « J’étais celui de l’équipe qui avait fait le plus de bénéfices, témoigne-t-il. Au début, j’étais abasourdi. Puis je me suis demandé s’il n’avait pas raison. » Petit à petit, la confiance de Marc en lui-même s’est affaissée. « Au risque de paraître ridicule », ajoute-t-il, il a fini par appeler d’anciens employeurs pour leur demander si, vraiment, il était « si mauvais ». Ils l’ont rassuré, mais, au bout de quelques mois, ne décrochant qu’un silence poli en dépit d’une activité débordante, Marc a jeté l’éponge et donné sa démission, convaincu que, s’il était resté, il aurait sombré dans la dépression.

Un désir légitime d’estime sociale


Travail et reconnaissance font-ils bon ménage ? La psychanalyste Hélène Vecchiali a répondu à toutes vos questions.
Cet exemple extrême relève davantage du harcèlement que du quotidien rencontré par chacun d’entre nous, pourtant combien sommes-nous à attendre fébrilement ces fameux entretiens de fin d’année ? Combien sommes-nous à guetter cette occasion d’entendre enfin notre supérieur souligner ce que nous avons accompli de positif, nous dire « merci », nous augmenter, qui sait ? Bref, nous assurer de sa confiance ? Au fond, pourquoi y accordons-nous autant d’importance ? Après tout, qui mieux que nous-mêmes peut juger du soin que nous avons pris à accomplir nos tâches quotidiennes ? Toute la question est là : nous avons un besoin viscéral et intemporel de reconnaissance.
Car, explique la psychanalyste et coach Hélène Vecchiali, « le travail est dans son étymologie lié à la douleur et à la difficulté. Même ceux qui aiment leur métier fournissent des efforts. Il est donc normal d’avoir besoin d’être reconnu. Et puis reconnaître quelqu’un, cela signifie l’identifier : quand un enfant naît, il est reconnu par ses parents à la mairie. C’est ainsi qu’il va s’inscrire dans la société. Au travail, c’est la même chose : la reconnaissance n’est pas seulement quelque chose qui nous fait du bien comme ça de temps en temps. Elle nous offre une appartenance à un groupe et nous permet de forger une estime sociale de soi ». Mais nous ne sommes pas tous égaux face à ce désir : pour être persuadés de la valeur de leurs productions, certains ont besoin qu’on le leur répète dix fois de suite. D’autres veulent être reconnus en public et non pas en tête à tête : il faut que les trompettes de la renommée résonnent.

Des « bonnes notes » qui définissent notre valeur

René Fiori, psychanalyste et créateur du collectif Souffrances au travail

« Plus que la reconnaissance des salariés, c’est la question de la confiance qui se pose »
« Les salariés témoignent de leur nouveau statut qui est celui d’être interchangeables, d’être fondus dans des flux qui les dépassent. Dans des grandes entreprises où tout est systématisé, où tout fonctionne par protocole, leur place en tant qu’êtres singuliers disparaît. Le fait d’être reconnus, remerciés, félicités devrait les sécuriser. Sauf que… Confrontés à des situations économiques tendues, de nombreux managers ne peuvent plus dire ce qu’ils pensent et porter de jugement personnel sur le travail de leurs collaborateurs : leur appréciation est suspendue à des nécessités budgétaires, organisationnelles. Finalement, ce n’est plus la question de la reconnaissance qui se pose, mais plutôt celle de la confiance : celui qui est en face de nous ne peut plus exprimer vraiment ce qu’il pense de nous parce qu’il n’est pas libre. Son point de vue n’est pas stable et il peut varier uniquement en fonction d’indicateurs fi nanciers. Ainsi, quelque chose de fondamental se délite dans le lien social, et essaime dans la société civile. »
Le travail est noué à l’amour pour chacun d’entre nous. Quand nous étions petits, nos parents nous félicitaient pour nos bonnes notes et nous grondaient pour les mauvaises. Depuis, nous avons tous plus ou moins tendance à confondre la valeur de nos notes, c’est-à-dire celle du fruit de nos efforts, avec notre propre valeur, celle que nous représentions pour nos parents. Certains sont plus en attente que d’autres, car « leur estime de soi, leur reconnaissance d’eux-mêmes est fragile ou n’a pas pu se forger correctement, éclaire Hélène Vecchiali. En revanche, un enfant qui a été rêvé, désiré, porté, reconnu dans ses efforts par ses parents aura spontanément ancré en lui-même cette sensation d’être valeureux. Il sera moins en demande ».
Marion, 45 ans, fait partie de ces bienheureux qui ne doutent pas de façon névrotique de la qualité de leur travail, mais, dit-elle, « si mes supérieurs et mes collègues ne me félicitaient pas de temps en temps, je crois que je serais complètement perdue. Depuis des années, je remplis des fiches de synthèse sur ordinateur sans savoir vraiment qui les lit ». Rien de plus logique, assure l’économiste et psychanalyste Corinne Maier. Selon elle, notre vie professionnelle est de plus en plus virtuelle : « Dans un bureau, rien n’est vraiment concret. Nous fabriquons des choses immatérielles, donc difficiles à évaluer. Contrairement à quelqu’un qui répare des chaussures ou à une personne indépendante qui fait son chiffre d’affaires, la satisfaction du travail est peu liée à la réalisation d’un objet. Elle ne repose pas non plus sur le bien-être que l’on peut ressentir en accomplissant une tâche du début à la fin, puisque les fonctions sont “découpées”, détachées les unes des autres et cloisonnées. »
Résultat : nous disposons moins que jamais aujourd’hui des moyens de nous estimer. Nous sommes perdus dans le flou d’activités de plus en plus abstraites et parcellisées. Rien de tangible ne vient nous conforter. Nous dépendons plus que jamais du regard des autres : eux seuls peuvent nous soutenir et nous rassurer dans des environnements où les licenciements se multiplient. Dans une entreprise, la reconnaissance est d’ailleurs « un excellent moyen de doper les équipes », rappelle le psychanalyste René Fiori.

dimanche 18 septembre 2016

Boris Cyrulnik, un expert connu et reconnu

Devenir psychiatre pour Boris Cyrulnik est une évidence « dès l’âge de 11 ans. » Car cet enfant juif rescapé des rafles, avait besoin de comprendre les événements tragiques qu’il venait de vivre. Pourquoi ses parents sont morts dans un camp de concentration. Et pourquoi, à l’âge de 6 ans seulement, il a été arrêté par des hommes armés.
« À cause de la guerre, du fracas de mon enfance, je croyais que la psychiatrie allait m’aider à comprendre la folie du nazisme. J’ai donc été, très jeune, atteint par la rage de comprendre. Pour maîtriser ce monde et ne pas y mourir, il fallait comprendre. C’était ma seule liberté. La nécessité de rendre cohérent ce chaos affectif, social et intellectuel m’a rendu complètement psychiatre dès mon enfance. »
Pour aider les victimes de traumatismes profonds, Boris Cyrulnik a travaillé pendant près de 30 ans sur la notion de « résilience » : cette capacité de l’être humain à reprendre un développement sain après avoir été en état d’agonie psychique. Théorisée par la psychologue américaine Emmy Werner, cette notion a ensuite été vulgarisée et développée en France à travers une vingtaine de livres.
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Célèbre neuropsychiatre français, Boris Cyrulnik interviendra à la Semaine de la Mémoire le jeudi 22 septembre de 19h30 à 21h au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine. Il échangera avec Denis Peschanski, historien membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires sur le thème « Mémoire et traumatisme ».
cf : http://www.semainedelamemoire.fr/actualites/boris-cyrulnik-un-expert-connu-et-reconnu

2ème édition de la Semaine de la Mémoire

2ème édition de la Semaine de la Mémoire

L'Observatoire B2V des Mémoires organise la 2ème édition de la Semaine de la Mémoire qui se déroulera du 19 au 25 septembre à Bordeaux et sa région.

http://www.semainedelamemoire.fr/

dimanche 4 septembre 2016

Rentrée : réussir son retour au travail

Blues d’après-vacances, stress de la rentrée… Le retour au travail après les congés d’été est parfois difficile. Les conseils de Patrick Amar, psychologue et coach de dirigeants, pour adoucir et réussir sa rentrée professionnelle.
cf : psychologies Margaux Rambert

Gérer le blues de la rentrée

Fin du  farniente et de la dolce vita, place au travail, à la routine, aux heures passées dans les transports… La reprise du travail après les congés d’été est parfois difficile. Et s’accompagne souvent d’un petit coup de blues.
« C’est normal, explique Patrick Amar, psychologue et coach de dirigeants. La rentrée professionnelle est une période de transition. On passe d’un état de grande liberté à un environnement de grande contrainte. Une période d’ajustement est donc nécessaire pour changer ses habitudes. » Et pour que ce vague à l’âme s’estompe…
Le conseil de Patrick Amar : « Il y a un deuil des vacances à faire mais il faut se dire que l’on va y arriver, car on y arrive chaque année. Pour se remobiliser et se réadapter, l’idéal est de se donner des objectifs modestes au début. L’intérêt ? Amorcer la pompe et nous permettre de nous sentir bien puisqu’on accomplit des choses.

Ne pas se laisser gagner par le stress de la rentrée

Qui dit rentrée, dit souvent période de rush. De reprise des dossiers, des réunions, des projets… Une effervescence qui contraste avec l’oisiveté si agréable des vacances. Une source de stress, aussi. « Tout n’est pas essentiel, prévient Patrick Amar. Il faut trier ce qui est urgent et important de ce qui l’est moins, ou pas du tout. » Le mot d’ordre pour combattre la pression ? Hiérarchiser. Les tâches, les priorités… « Etablir un rétroplanning peut être aidant : on fait une liste de ce qu’on doit avoir fini pour le milieu, puis pour la fin du mois… ».
Le conseil de Patrick Amar : « Evitez de procrastiner et de ne pas finir les choses. Aristote disait : "le commencement est plus que la moitié de la chose". Si on remet un sujet au lendemain, il va devenir encore plus urgent. Et on risque d’être pollués par des émotions négatives : frustration, culpabilité à ne pas aller plus vite, perte d'estime de soi... »

Continuer à cultiver les plaisirs des congés

Savourer des apéritifs en terrasse, prendre le temps de partager, en couple ou en famille, de bons petits déjeuners, marcher pour se rendre au travail… La rentrée ne sonne pas le glas de tous les plaisirs que l’on s’octroyait en vacances. Au contraire. « Il est important de prendre du temps pour soi et de ne pas faire l’impasse sur les moments de détente », commente le psychologue. Surtout la semaine de reprise.

Il appréhende la rentrée scolaire

cf : psychologie.com anne lanchon
L’anxiété d’un enfant avant la rentrée en maternelle ou au CP reflète le plus souvent celle de ses parents, estime la psychologue Fabienne Cattarossi. En prendre conscience permet de la mettre à distance et de le rassurer.

L’entrée à l’école maternelle puis celle au CP sont deux étapes importantes qui se traduisent parfois par des troubles anxieux avant la rentrée : agitation, insomnies… Leur problématique est cependant différente. Dans le premier cas, l’enfant ignore tout de l’école et redoute surtout la séparation, d’autant plus s’il n’a pas connu la crèche. Il aura donc besoin d’être rassuré sur la solidité du lien parent-enfant et sur son aptitude à s’adapter, seul, à un univers inconnu. Comment ? En amont, par des séparations progressives, un discours positif sur l’école et des mises en situation valorisantes. « À cet âge, son anxiété reflète surtout celle des parents : “Mon enfant s’intégrera-t-il ? Puis-je faire confiance au personnel éducatif ?” » précise la psychologue Fabienne Cattarossi. L’idéal serait, au moment de l’inscription, de se rendre à l’école avec lui pour rencontrer sa maîtresse et discuter avec elle des modalités de fonctionnement. Pourra-t-il, par exemple, conserver son doudou à la sieste ? S’il n’est pas prêt affectivement, on peut retarder la rentrée de quelques mois ou limiter la journée scolaire à une matinée. « L’entrée en maternelle marque aussi un cap pour le parent, note la spécialiste. Son enfant grandit et lui échappe, d’où des sentiments ambivalents (fierté, tristesse). Si la réaction dépasse le pincement au cœur, il se peut que le parent revive des situations de séparations douloureuses. Consulter l’aiderait alors à y voir plus clair. »