vendredi 14 décembre 2018

Orientation

La rentrée est passée, la vie scolaire et la vie tout court reprennent leur cours normal. Normal ? Pas tout à fait. Car si vous avez des (grands) enfants en classe de troisième, de seconde, de terminale, peut-être des mots tels que « stage », « bac », « orientation », «APB », « études » … commencent-ils à venir troubler la relative quiétude des choses.
L’orientation est une grande affaire dans la vie des adolescents (et de leurs parents !).
Certains s’y intéressent, d’autres s’en détournent, d’autres stressent à son sujet, mais tôt ou tard l’heure des choix et de la confrontation arrive.
Car l’orientation, ce n’est pas qu’une affaire d’école et de notes. Nos adolescents, sous leurs airs parfois détachés, sont très sérieux en fait, et pressentent bien que leur orientation concerne leurs études, leur vie professionnelle, leurs choix de vie, mais plus largement le coeur même de leur identité. « Qui suis-je ? », voilà une question de taille à un âge où il est encore bien difficile d’y répondre. D’où des réactions parfois crispées ou évitantes, lorsque le sujet est abordé.
L’orientation, la vraie, touche au coeur de l’individu dans toutes ses dimensions, ce qu’il sait ou peut faire, ce qu’il aime, qui il est, quel est son parcours… L’orientation est une démarche globale de découverte de Soi.
"IL FAUT GARDER TOUTES SES POSSIBILITES OUVERTES LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE"... VRAI OU FAUX?
Face à un jeune qui ne sait pas trop ce qu'il veut faire plus tard, la tentation est grande de lui conseiller une filière (très) généraliste, par exemple une série de bac S qui "laisse toutes les portes ouvertes". Or si cela peut être adapté pour certains jeunes, cela ne le sera pas nécessairement pour d'autres ! Certes, beaucoup d'ados ne savent pas encore quel métier ils veulent faire. Mais ces mêmes ados peuvent tout de même avoir des préférences en termes de matières enseignées  ou encore avoir une idée des métiers qu'ils ne veulent PAS faire. Commencer à se poser ces questions, et à tenir compte des réponses dans ses choix, c'est avancer doucement , mais sûrement, en toute sécurité, sur le chemin de l'orientation ! Pour aborder avec confiance l'avenir, et pour réussir, un adolescent a besoin d'être bien «ici et maintenant », suffisamment à l'aise et satisfait dans son cursus actuel. Il a besoin d'étudier de préférence ce qui ne lui sera pas trop désagréable, et d'y réussir sans trop d'obstacles ou de difficultés. A contrario, se retrouver dans une situation désagréable aujourd'hui, parce qu'on en escompte un éventuel et encore incertain bénéfice demain, est un calcul loin d'être toujours gagnant en matière d'orientation. En définitive, pour faire ses choix sereinement, il convient de se défaire de deux illusions :
- l’illusion que certains choix puissent (peuvent) être complètement "neutres", n'engager à rien, ne prêter à aucune conséquence. Choisir une section S, ou un bac général, c'est déjà un engagement, c’est décider de s'ouvrir une voie vers certains univers professionnels, et la rendre un peu plus longue vers certains autres.
- et, au contraire, l'illusion que les choix faits engageraient l'ado complètement et définitivement, qu'il n'y aurait aucun retour possible. Or, aujourd'hui, de nombreuses
passerelles existent entre les différents cursus ou formations ; certaines certes assez complexes, mais beaucoup de jeunes pourraient témoigner que rien n'est impossible ! "
IL FAUT CHOISIR SA SERIE DE BAC EN FONCTION DES ETUDES ET DU METIER QU'ON VEUT FAIRE"...
VRAI Ou FAUX?
Parfois oui... mais parfois non ! De fait, on a souvent tendance à surestimer l'importance du choix de la série de bac dans la stratégie d'accès au métier qu'on souhaite.
Oui, il est très recommandé de choisir S ou STI2D si on veut être ingénieur en électronique. Certes, pour être médecin ou vétérinaire, S est de loin la voie la plus pertinente. Et d'autres exemples pourraient être fournis.
Mais au delà de ces quelques cas, que de contre exemples...
Pour être infirmier ou chargé de communication, employé de banque ou pompier, éducateur ou concepteur de jeux vidéo, aucune "voie royale" n'existe. Tout au plus des séries de bacs généraux ou technologiques rendront elles l'accès à certains de ces métiers (un peu) plus  facile que des séries professionnelles. Mais ce qui compte et comptera avant tout, ce sont les qualités et les points forts du jeune ! Faire un bac L pour devenir infirmier, un bac S pour être magistrat, un bac STI2D pour être graphiste... Pourquoi pas ? Ce sont des stratégies pas forcément courantes, mais tout à fait valables si elles permettent dans l'instant à l'adolescent d'être en accord avec ce qu'il aime et sait faire au plan scolaire, et d'obtenir son bac, même si ensuite il se dirige vers une voie différente.
"CHAQUE ADO EST FAIT POUR UN METIER,  IL FAUT TROUVER POUR LEQUEL"...
VRAI OU FAUX?
Le mythe de la prédestination et du coup de foudre a la vie dure... en amour comme en orientation professionnelle ! Or... non ! Chaque ado n'est pas « fait » pour un métier, pour une vocation qu'il faudrait découvrir. Et tant mieux, car non seulement cette pensée est particulièrement stressante, mais en plus elle annule les immenses possibilités d’évolution et d’adaptation de l’être humain, sa flexibilité, sa richesse, sa plasticité cérébrale... Bien sûr, il y a pour chaque ado des types de tâches, d'activités, ou d'environnements qu'il aime plus ou moins, dans lesquels il est plus ou moins à l'aise. Bien sûr, il est important de repérer ces activités ou environnements.
Dans certains cas (certes peu nombreux) il peut même y avoir une forme "d'évidence" ou de vocation.
Mais dans la majorité des cas, beaucoup de possibilités restent ouvertes ; y compris des possibilités dont l'ado n'a pas conscience, des métiers dont il ne soupçonne pas l'existence, mais qu'on peut l'aider à identifier.
La magie des rencontres, des opportunités, et des parcours de vie fait en général le reste...
"SON PROJET EST IRREALISTE: IL FAUT QU IL COMPRENNE QU'IL DOIT L'ABANDONNER"...
VRAI OU FAUX?
Son projet est (ou semble) irréaliste... mais c'est son projet, celui qui le meut, le fait avancer sur le chemin de la vie. Critiquer négativement, déprécier ce projet, répéter "tu n'y arriveras pas", c'est prendre le risque que l'ado y perde sa source de motivation, se renferme sur lui même, évite dorénavant le sujet de la scolarité et de l'orientation. Car en fait, l'important est, qu'il ait un projet pour avancer : nos objectifs sont les gardiens de
notre motivation... la réalisation se fera (ou pas !) dans un second temps. Il aura d'ailleurs peut être changé d'avis au moment fatidique du réel choix de son orientation !
Il ne faut pas pour autant s'interdire de parler dudit projet. Comment ? En abordant les choses de manière rationnelle, par les faits : qu elles sont les voies d'accès ? L es tau x d'admission ou de réussite ? Quelle est la meilleure stratégie?
Que faut il faire dès à présent ? Quels sont les obstacles ? Que faire en cas d'échec ? Qu'en disent des personnes qui sont déjà passées par là ? Questionner un projet sur un versant "objectif" c’est rendre à l’adolescent un double service : lui signifier la confiance que les adultes qui l’entourent ont en lui ; et lui apprendre à mettre en place une démarche cognitive dans le réalisme, l'action, et l'anticipation. Cela lui servira de toute façon !
"IL N'ARRIVE PAS A CHOISIR, CAR IL N'AIME RIEN, RIEN NE LE PASSIONNE "...VRAI OU FAUX?
Un double malentendu est fréquemment à l'origine de cette impression:
D'une part, il n'y a pas nécessité à être passionné par sa vie professionnelle, mais
seulement à l'aimer suffisamment. Nous connaissons d'ailleurs tous des personnes qui
s'épanouissent beaucoup dans leur vie personnelle et leurs loisirs, et ont trouvé l'emploi qui leur permet de le faire. Ce peut être un choix tout à fait respectable.
D'autre part, nos ados n'aiment pas tant "rien" qu'ils pourraient nous le laisser penser
extérieurement. Parfois, ils aiment un peu différentes choses très variées, et on en conclut
un peu vite qu'ils n'aiment rien. Parfois aussi, ils ont de la difficulté à y voir clair sur eux
mêmes et dans leurs goûts, à faire le tri entre ce qui les rend heureux ou satisfaits et tout le reste. A nous de les y aider !
UN BILAN D'ORIENTATION PEUT ETRE UNE BONNE PORTE  d'ENTREE POUR REFLECHIR SUR SOI MEME ET SUR CE QUI NOUS IMPORTE VRAIMENT,AU FOND
.art cf http://www.cogitoz.com/Upload/Downloads/newsletters/2016_octobre_article_billet_psy_EA.pdf