jeudi 7 janvier 2016

Améliorer l'estime de soi

L’estime de soi se bâtit en agissant sur différentes dimensions de notre existence. À première vue, certaines de ces dimensions apparaissent plus fondamentales que d’autres. Mais il ne s’agit pas d’un processus linéaire car nous pouvons agir sur différentes composantes de notre vie en obtenant un résultat sur l’estime de soi. Pour cela, il suffit que l’action respecte nos valeurs. Peu importe la nature du défi, l’effet est
équivalent dans la mesure où il s’agit vraiment d’un défi. Cette caractéristique est avantageuse car elle nous permet de consacrer toujours notre énergie aux défis les plus actuels de notre vie pour conserver ou rehausser notre estime.
Nous réapproprier le pouvoir d’être nous-même.
Cette démarche nous permet de devenir une personne en harmonie avec elle-même et consciente de son identité propre. Notre identité, en effet, s’incarne dans notre vécu corporel, les émotions et les besoins qui nous sont propres, les pensées et les opinions qui sont nôtres, les rêves et les aspirations qui nous caractérisent et les valeurs auxquelles nous adhérons.
Respecter qui je suis et m’autoriser à avoir mes émotions et mes besoins.
L’ingrédient crucial de l’estime de soi est sans conteste le respect de soi. La fidélité à soi-même consiste essentiellement à agir conformément à ce qui revêt de l’importance à nos yeux.
Mais nos choix sont toujours sous-tendus par un grand nombre de dimensions qui comptent à nos yeux. Il n’est généralement pas possible de toutes les honorer. C’est en nous référant à notre échelle de valeur que nous pouvons faire des choix qui ont un effet positif sur notre estime.
Le respect de soi a un prix, tout comme le non respect en a un. Ce prix fait partie de l’ensemble que je choisis lorsque je décide de respecter ce qui m’importe. Chaque fois que nous choisissons de nous assumer en acceptant d’en porter les conséquences notre estime s’en trouve rehaussée. Si au contraire nous n’arrivons pas à mettre nos principes en application lorsqu’il nous en coûterait quelque chose, notre estime de nous-même s’en trouve altérée. Et ce, à chaque fois que nous aurions l’occasion de les mettre en application.
Faire de la place au doute
Réfléchir c’est nécessairement accorder de l’importance au doute. L’incertitude devant un énoncé présenté comme une vérité ou devant un fait rapporté est une manifestation saine de l’intelligence.
De cette façon, nous conservons une maîtrise sur ce qui nous influence et sur nos choix qui en découlent. Ce faisant, nous contribuons à élaborer notre concept de soi comme personne à part entière, à l’esprit autonome.
Développer ma confiance au plan intellectuel
Au plan intellectuel comme ailleurs, c’est l’exercice et la persévérance devant les difficultés qui nous permettent de bâtir notre confiance. Ainsi, plus nous faisons l’effort de réfléchir par nous-même, plus nous pouvons constater et croire que nous sommes capable de comprendre, même des situations complexes. Mais plus nous adoptons l’analyse et les opinions de d’autres et plus nous en venons à déprécier notre propre capacité de le faire.
L’école tend à nous dire quoi penser plutôt qu’à nous apprendre à réfléchir. Et les familles sont souvent trop occupées pour faire de la place à l’échange constructif et à une discussion qui met à l’épreuve la réflexion et le jugement. De plus nous sommes envahis par les médias diffusant des tonnes d’informations et d’opinions. Il est tentant de nous en remettre à eux pour former notre opinion.
Si nous choisissons de perfectionner notre personne au plan intellectuel autant que qu’aux plans affectif et physique, il faut nous attendre à déployer des efforts. Comme tout ce qui est valable, l’exploitation de nos ressources intellectuelles est exigeante, comme l’illustre cet exemple.
Exercer mon jugement
La capacité d’évaluer les situations est une autre composante importante de l’intelligence. Cette fonction intellectuelle est continuellement en opération. C’est elle qui nous permet de jauger le danger, de savoir si ce qu’on nous propose nous convient, d’apprécier le beau. Même si nous n’avons pas toujours conscience de le faire, nous analysons continuellement les situations qui nous concernent, puis émettons une opinion sur elles sous la forme d’un jugement.
Dans certains cas, ce dernier implique des conséquences importantes; il nous arrive alors de réserver notre appréciation parce que nous manquons de données ou encore parce que notre analyse est incomplète. Mais dans le feu de la vie quotidienne, nous portons continuellement des jugements: ceci est correct, cela ne l’est pas, je suis d’accord, je n’approuve pas…
Dans certains milieux, le jugement est devenu tabou, au moins lorsqu’il s’applique aux personnes. C’est souvent le cas dans les groupes qui accordent une valeur importante au développement personnel. Pour être accepté, il faut « parler au je » et non parler de l’autre. Dans ce cadre, les critiques négatives (mais non les positives) sont mal vues parce que « nous n’avons pas le droit de juger l’autre » (« Qui sommes-nous pour juger? »). Selon ces normes. l’idéal de vie avec nos semblables reposerait sur une attitude de considération positive inconditionnelle.
S’abstenir de juger est préconisé dans une relation thérapeutique lorsqu’on veut aider le client à s’accepter lui-même. Mais dans une relation non-thérapeutique, la même abstention produit des résultats néfastes. Souvent les jugements inhibés sont exprimés dans une forme moins détectable mais pernicieuse (critiques indirectes par exemple sous forme d’une question pleine de sous-entendus, manipulation, etc.). Dans d’autres cas, l’effort de neutralité sape la vitalité de la relation (relation superficielle, propos complaisants, échanges aseptiques, etc.). Finalement, l’amputation de la faculté de juger ne contribue ni à notre épanouissement, ni à celui de nos relations.
Cette option relationnelle est fondée sur la volonté de faciliter la communication en minimisant les provocations qui entraînent l’interlocuteur à se mettre sur la défensive. Mais il y a de meilleurs moyens de s’exprimer totalement sans attaquer ou tenter de blesser l’autre.
Actualiser mon potentiel
M’autoriser à avoir mes émotions et mes besoins correspond à la conquête du droit à l’existence. Respecter qui je suis m’aide à conquérir une identité distincte. Les deux conquêtes sont des démarches de développement psychique. Elles visent toutes deux à récupérer notre pouvoir d’être ce que nous sommes afin d’être en possession de nous.
Mais d’un autre point de vue cette section n’est pas redondante car l’actualisation du potentiel est une démarche bien différente des conquêtes d’identité. Elle consiste à réaliser le potentiel inscrit dans l’ensemble de notre être. Il s’agit de talents physiques, intellectuels, artistiques, etc… Parfois ceux-ci sont détectés par hasard. Souvent, ils sont révélés par des aspirations ou des désirs. La plupart du temps, le développement du potentiel est vécu comme une nécessité intérieure.
Il est naturel pour les êtres vivants de chercher à se développer. À moins de se trouver dans des conditions trop précaires, la plante grandit, fait des bourgeons, fleurit. Il n’existe pas de plante qui « stagne ». Si sa croissance n’est pas évidente, c’est qu’elle est en mode de repos ou de survie. Dans les deux cas, elle est occupée à prendre soin de sa vie.
Chez l’enfant, le besoin de croissance est également évident. Mais chez lui aussi, si les conditions s’avèrent défavorables il optera pour la protection de ses acquis ou tout simplement pour assurer sa survie.
Chez l’humain comme dans le reste de la nature, la force d’actualisation est toujours active.
Volonté, besoins, rêves, désirs, défis…
Au cours de la vie, la tendance actualisante se manifeste par des besoins, mais aussi par des aspirations. Celles-ci apparaissent sous la forme d’un désir, d’un rêve ou encore d’un défi à relever. Mais il ne s’agit pas de n’importe quel désir ou rêve; son enjeu principal est le développement d’une capacité. Ici, le plaisir immédiat n’est pas un critère; c’est la satisfaction de grandir qui est surtout recherchée. La plupart du temps, ces besoins d’actualisation se manifestent à travers le caractère impératif du désir, la récurrence du rêve, la puissance du désir ou encore l’urgence d’agir.
La peur est une compagne assidue des besoins d’actualisation. C’est souvent parce que nous la laissons prendre le dessus que nous remettons à plus tard nos défis, nos rêves, nos désirs et même nos volontés fermes. C’est ainsi que nous évitons souvent d’avancer. Nous perdons l’occasion de vivre de nouvelles expériences qui seraient des occasions d’apprendre, de développer des habiletés et d’agrandir notre portée sur notre univers.
La plupart des sujets importants à nos yeux ont tendance à nous faire peur. Pour avancer, nous devons réussir à les confronter, mais cela ne signifie pas qu’on doive les nier. Il faut au contraire en tenir compte en graduant les difficultés et la sélection des défis.
La confrontation des peurs est souvent nécessaire pour développer la confiance en soi. Il nous est plus facile de le faire dans certains domaines que dans d’autres. Lorsqu’il devient important pour nous de gagner de l’expérience et de la confiance dans un domaine, il nous faut passer par le chemin où nous rencontrerons nos peurs. La confiance ainsi gagnée devient alors un sujet de fierté et un moyen de rehausser l’estime de soi. De plus, la compétence acquise est, elle aussi, un sujet de fierté et d’estime de soi.
Soigner mon physique
Nous ne sommes pas indifférents à l’évaluation de notre corps et de notre apparence physique. Qui que nous soyons, nous pouvons toujours faire quelque chose pour être « mieux dans notre peau ». Même la personne la moins dotée du point de vue de la beauté peut apporter des améliorations à sa condition pour ressembler davantage à ce qu’elle souhaite. Parfois c’est une question de nutrition, parfois d’exercice, d’autre fois de chercher à mettre ses atouts particulier en valeur, …
Dans ce domaine comme dans les autres, rien n’est gratuit. Pour ressembler à ce que nous souhaitons, il faut des efforts et de la persévérance. La personne qui s’estime cherche à paraître le plus possible à son avantage. Celle dont l’estime est faible n’a pas la poussée intérieure pour amorcer les changements qu’elle souhaite. Mais si elle fait l’effort de se mettre en branle sur ce plan, son estime augmentera à coup sûr. Le simple fait de décider vraiment de le faire peut déjà avoir un effet bénéfique sur notre estime. Le cercle peut donc prendre une allure heureuse ou vicieuse, selon notre choix.
Les attitudes propices
Enfin certaines attitudes sont propices à faire des gains dans l’estime de soi. Aucune d’elle n’est innée. L’attrait pour le risque et la persévérance peuvent avoir un lien avec le caractère mais ils doivent être encouragés pour persister. L’éducation de même que les résultats qui en découlent jouent donc un rôle important dans l’acquisition de ces attitudes. Voyons brièvement quel est le rôle de chacune.
La persévérance
La persévérance consiste à persister dans une activité afin d’atteindre le résultat recherché. Il faut la distinguer de l’entêtement, qui est parfois une qualité, mais peut conduire à
l’échec. C’est le cas lorsqu’il ne permet pas de réévaluer les stratégies qui mènent à l’échec et lorsqu’il équivaut à une persévération « dans l’erreur ». La persévérance est plutôt synonyme de persistance dans l’effort, l’attitude qui permet de ne pas se décourager, malgré les obstacles.
La persévérance englobe un fort désir de réussir. Les obstacles y sont souvent considérés comme des défis à relever grâce à l’astuce et à la ténacité. Lorsqu’une telle attitude conduit à une réussite il nous est facile d’avoir la certitude que le succès vient de nos efforts; notre estime augmente automatiquement.
Le droit à l’erreur
Par ailleurs, il est impossible de repousser nos limites si nous n’avons pas droit à l’erreur car ces conquêtes sont impossibles sans expérimenter dans des terrains inconnus. Par définition, l’expérimentation donne à la fois des résultats positifs et négatifs. Si nous ne pouvons supporter l’échec, nous sommes condamnés à éviter souvent d’expérimenter la nouveauté.
L’éducation peut contribuer à ce que l’enfant soit stimulé par la recherche et la découverte plutôt que motivé par la nécessité de trouver les « bonnes réponses ». Désir d’exploration rime avec jeunesse. Les adultes ont le pouvoir de tuer dans l’oeuf ce désir, mais ils peuvent aussi l’encourager. Devenu adulte, le besoin de réussir à tout prix et la peur de l’erreur peuvent devenir si durs que l’immobilisme nous guette. Dans d’autres cas, la dépense d’énergie pour éviter l’erreur, pour la camoufler ou pour éviter de l’assumer est si importante qu’elle nous consume.
La capacité de risquer
L’estime se bâtit en relevant des défis, qu’il s’agisse de nous respecter ou de nous lancer dans des entreprises exigeantes. Dans tous ces cas le risque est présent: celui de déplaire, de perdre la face, d’être rejeté, d’échouer, etc. Si la sécurité et le confort sont si importants à nos yeux que nous ne pouvons nous résoudre à les perdre, nous limitons énormément nos possibilités d’enrichir notre estime.
La capacité de risquer se développe. Bien entendu, plus le travail commence tôt et plus il est facile. Dans ce cas, les parents doivent renoncer à la surprotection qui les rassure eux-mêmes. Ils doivent fournir des conditions où les expérimentations peuvent avoir lieu et faire confiance à l’enfant. Il leur faut aussi encourager le goût de l’enfant pour les essais et la recherche plutôt que de mettre de l’avant leurs peurs et les obstacles. Quant à l’adulte qui souhaite devenir plus aventureux, il trouve des centaines d’occasions à sa portée. Il s’agit pour lui de s’entraîner à prendre des risques au jour le jour.
Conclusion
Avoir une bonne estime de soi peut  apparaître comme une tâche insurmontable. Mais elle ne l’est pas puisque nous pouvons nous y attaquer par un grand nombre de portes. Il suffit de relever un défi, de nous respecter, de vivre suivant nos valeurs, pour la conserver ou la rehausser. En somme, nous agissons continuellement sur cette importante dimension de la qualité de notre existence. Par nos choix et nos actes, nous avons toujours le pouvoir de l’améliorer ou de la détériorer