vendredi 29 janvier 2016

Sauter une classe

Votre enfant est vif, curieux et, pourtant, il paraît tourner en rond à l'école en ce moment. Vous le trouvez en avance sur ses copains de classe. Est-ce vous qui surestimez ses capacités ou a-t-il besoin d'être davantage stimulé ?

Le problème

Plusieurs situations sont susceptibles de motiver un saut de classe. Certains signes peuvent éveiller votre attention :
  • Il est fort en calcul et se débrouille très bien avec les temps de l'indicatif. Il a peut-être déjà acquis les connaissances de son niveau.
  • Il s'ennuie en classe, paraît triste à la maison, il s'exprime dans un langage très élaboré pour son âge. Il fait peut-être partie de ces enfants dits « intellectuellement précoces ».
  • Il est très curieux. En classe, il pose beaucoup de questions et déborde parfois le sujet qui lui est enseigné. Il a besoin d'être davantage stimulé.
  • Il est très mûr par rapport à ses copains. Né au mois de janvier, il est d'ailleurs l'un des plus âgés de sa classe. Il a peu de centres d'intérêts communs avec les enfants de son niveau et est plus à l'aise avec ses aînés.
  • Il est très grand pour son âge.

Restez prudent

Cette décision comporte un risque. Vous devez donc rester prudent.
  • Demandez-vous ce que vous attendez de votre enfant. Veillez à ne pas lui fixer des objectifs hors de sa portée et identifiez la raison pour laquelle vous souhaitez qu'il saute une classe. Est-ce dans une perspective stratégique : vous vous dites que, s'il redouble plus tard, cela sera moins grave. Rêvez-vous d'un enfant hors norme qui serait plus doué que les autres ?
  • Envisagez une rencontre avec la maîtresse. Vérifiez que votre écolier a bien intégré les compétences qu'il semble avoir acquises avec un peu d'avance et surtout que l'image que vous vous faites de lui n'est pas trop différente de celle qu'a la maîtresse. C'est indispensable avant d'envisager la construction de nouveaux apprentissages.
  • Parlez-en avec votre enfant. Il est essentiel qu'il adhère à ce projet et qu'il n'y ait pas de réticences de sa part. 

Sauter une classe ? Faites le point avec un spécialiste

Après avoir consulté la maîtresse et peut-être la directrice de l'école, vous pouvez vous tourner vers un psychologue. Le psy chologue scolaire a l'habitude de ce type de questionnement et l'avantage de travailler en relation avec l'équipe éducative de l'école. Vous pouvez aussi décider de faire passer un test de QI (quotient intellectuel) et un test de personnalité à votre enfant par un psychologue libéral.
  • Le test de QI déterminera si votre enfant possède des compétences intellectuelles particulières.
  • Le test de personnalité permet d'évaluer la façon dont il se perçoit lui-même, dont il vit ses relations avec les autres et comment il envisage l'avenir. Si votre écolier saute une classe, il devra s'adapter, quitter ses copains, en retrouver d'autres... Il est important de s'assurer qu'il y est disposé psychologiquement.

Les solutions

  • Cherchez des compromis avec l'équipe éducative afin d'essayer de satisfaire les besoins de votre enfant. Dans la classe, l'instituteur pourra peut-être individualiser son enseignement et commencer à voir avec lui le programme de l'année suivante. C'est normalement l'esprit des cycles.
  • Adaptez-le progressivement. Votre écolier peut passer dans la classe supérieure quelques heures par semaine. A l'inverse, des enfants du niveau supérieur qui ont quelques difficultés peuvent se rendre dans sa classe. Ces systèmes d'échange lui permettent de se faire des copains et éventuellement de se préparer pas à pas pour le grand saut !
  • Complétez son emploi du temps par une activité, si l'école vous a fortement déconseillé le saut de classe et que votre enfant semble toujours autant s'ennuyer.
Jeanne Cossé avec Jean-Marc Louis, inspecteur de l'Education nationale, auteur de Mon enfant est-il un écolier heureux ?, éd. InterEditions.
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